Bazens, le 21/12/2015
A Monsieur Pierre CAMANI
Président du conseil départemental du Lot-et Garonne.
Objet : lettre ouverte/publicité sur le caractère écologique de vos véhicules électriques.
La voiture électrique, un véhicule sans bruit, oui.
Sans émission de CO2 ET 100 % écologique, certainement pas !
C’est avec une certaine incrédulité mêlée d’une bonne dose de consternation et d’indignation que nous avons constaté, bien en évidence sur vos véhicules électriques, les slogans « zéro bruit, zéro émission de CO2, 100 % écologique »
Le premier point ne pose pas de problème. Par contre, le second point est tout simplement objectivement faux, pour ne pas dire mensonger. Ce n’est pas seulement nous qui l’affirmons, vous trouverez ci-joint l’avis du Jury de déontologie publicitaire, qui a retoqué la publicité de Bluecub à Bordeaux et la Zoé de Renault. Une instance peu suspecte d’être un repaire d’écologistes gauchisants et intégristes… L’électricité utilisée (même si elle devait être « verte », ce que nous attendons que vous nous confirmiez dans votre réponse) n’est aucunement indemne d’émission de CO2 – en matière d’émission de CO2, le nucléaire est grosso modo au même niveau que les renouvelables. Et c’est faire abstraction de l’énergie grise – au sens propre comme au figuré, nécessaire à sa construction..
Ce qui nous amène à la cerise sur le gâteau, le « 100 % écologique ». Car si cette notion peut apparaître plus subjective, c’est l’ADEME, la principale agence environnementale officielle française, qui apporte des éléments au dossier :il faut avoir parcouru de 50 000 à 100 000 km en voiture électrique pour commencer à être moins producteur de CO2 que si l’on roulait en voiture thermique. C’est-à-dire de 15 à 30 km par jour, 365 jours par an, pendant 10 ans !
Sachant que les voitures électriques servent essentiellement pour des trajets courts, il est probable qu’un propriétaire de voiture électrique n’atteindra jamais, ou à peine, le kilométrage nécessaire pour s’estimer plus « vertueux » qu’avec une voiture thermique.
Mais il y a encore pire : ce que l’étude de l’Ademe oublie de pointer, c’est que le CO2 dont est coupable la voiture électrique est envoyé totalement dans l’atmosphère avant même que ne soit parcouru le moindre kilomètre, ce qui démultiplie son impact, alors que le propriétaire de voiture thermique va émettre son CO2 peu à peu au fil des 10 années considérées.
Par ailleurs, même si cela ne concerne pas directement le climat, il est partout prétendu que la voiture électrique n’émet pas ces fameuses particules fines si nocives pour la santé. Mais, là aussi, les idées reçues se fracassent sur le réel : comme le signale le magazine Science et Vie (janvier 2015), « Les pneus, les freins et l’usure des routes émettent presque autant de microparticules que le diesel » .
Et dans cet argumentaire, nous faisons l’impasse sur l’ensemble des problèmes liés à la production d’électricité nucléaire, la seule aujourd’hui produite en quantité suffisante pour alimenter une part significative du parc automobile français, et qui devrait constituer pourtant le cœur du débat.
Vous comprendrez ainsi notre réaction devant votre campagne de communication.
Nous demandons donc explicitement son retrait, et sollicitons une entrevue avec vous pour débattre plus en avant de votre politique en la matière -notamment les subventions massives aux bornes de rechargement.
Des indigné-es lot-et-garonnais-es
contact : KUNG Pierre Capvath 47130 BAZENS 05 53 68 33 96
avec le soutien d’ATTAC AGEN et de VSDNG/Stop Golfech. 47